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entretiennent à un vil prix ; » les pauvres ne la pouvant même pas recevoir en pur don ; les délinquants punis des plus rigoureux supplices ; « les animaux même languissants faute de sel et écartés des bords de la mer où les mène l’instinct de la conservation. » Avant lui, Vauban, dans son Projet de dixme royale, avait déjà voulu procurer au peuple, à meilleur marché, « cette manne dont Dieu avait gratiné le genre humain. » Et Buffon dira un peu plus tard que l’impôt du sel fait plus de mal à l’agriculture que la grêle et la gelée.

Dès le règne de François Ier, les plaintes étaient vives. Aussi songea-t-on dès lors à les apaiser par une plus équitable répartition des taxes. En 1541, raconte Jean Bouchet dans ses Annales d’Aquitaine, « on remontra au roi les abus, fautes et malversations qui se commettaient chaque jour dans la perception de la gabelle, non-seulement au préjudice de ses droits, mais au détriment du peuple. Il résolut d’y remédier.... Et à cet effet, auroit commis certains commissaires ; et entre autres pour le païs de Poictou, Xaintonge, ville et gouvernement de la Rochelle, messire Francois de la Trémoille, chevalier de l’ordre, vicomte de Thouars et gouverneur de Poictou qui pour ce faire se seroit transporté avec d’autres ès dits païs et entendre ceux lesquelz y avoient intérest dont il auroit fait rapport au Roy. »

Les habitants du littoral furent émus de ces mesures qui ne leur présageaient rien de bon. Et ce n’est pas sans motif.

La cour était à Châtellerault en Poitou, le roi, la