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siècle serait encore excellent, si l’on consentait à l’employer.

Palissy a un si vif amour pour l’agriculture, qu’il s’irrite contre les bûcherons qui mettent peu de soin à tailler les arbres. On sent dans cette page toute la tendresse d’âme d’un Virgile, et toute l’émotion d’un véritable poëte. Ces bûcherons de Saintonge (p. 25) « en couppant leurs taillis, laissoient la seppe au tronc qui demeuroit en terre tout fendu, brisé et esclatté, ne se souciant du tronc, pourveu qu’ils eussent le bois. » Il « s’esmerveille que le bois ne crie d’estre ainsi vilainement meurtry. » On croirait entendre le cri vengeur de Ronsard contre la destruction de la forêt de Gastine. (Élégie XXX.)

Escoute, Buscberon (arreste un peu le bras) :
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas;
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoute à force,
Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ?

Le voyageur agronome ne comprend pas (p. 90) l’indifférence que les laboureurs montrent pour leurs instruments aratoires, quand ils les devraient avoir en plus grande considération que les plus précieuses armures ; et ce dédain des nobles pour la charrue poussé à un tel point que, fussent-ils endettés jusqu’aux oreilles, ils se croiraient déshonorés s’ils y mettaient la main.

Il voulait que le roi érigeât « certains offices, estats et honneurs à tous ceux qui inventeroient quelque engin » nouveau ou perfectionneraient quelque instrument rural, bien assuré qu’on s’y jetterait avec plus