gneusement en mémoire de ce bon vieillard que j’ai aimé et soulagé en sa nécessité, non comme j’eusse bien voulu, mais comme j’ai pu.
« La tante de ce bon homme qui m’apporta lesdites pierres, y estant retournée le lendemain voir comme il se portoit, trouva qu’il estoit mort et lui dit Bussi que, si elle le vouloit voir, elle le trouveroit avec ses chiens sur le rempart, où il l’avoit fait traisner comme un chien qu’il estoit. »
Il est inutile de faire remarquer combien cette version est plus vraisemblable. Pierre de l’Estoile connaît assez intimement Palissy ; « il l’a aimé et soulagé en sa nécessité. » Il est à Paris, il sait ce qui se passe exactement à la Bastille, il en est instruit par une tante de Maître Bernard. Son silence sur la visite de Henri III est significatif. Il n’eût pas manqué de le noter.
Pierre de l’Estoile est le seul qui nous parle d’une parente de Palissy. On ne connaissait de sa famille que Mathurin et Nicolas. Était-elle véritablement une tante à la mode de Bretagne ? C’est un point sur lequel nous pouvons faire toutes les conjectures. Tante ou cousine, elle devait être fort âgée. On ne voit qu’elle, du reste, à la mort du grand penseur. Ni femme, ni enfants. La peur les retenait-elle loin du grabat du prisonnier, ou le narrateur a-t-il négligé d’entrer dans de plus amples détails ? Quoi qu’il en soit, j’admets pleinement le récit de Pierre de l’Estoile, et je récuse comme apocryphe celui d’Agrippa d’Aubigné, d’Aubigné trop fécond satirique pour n’avoir pas inventé une histoire où le roi de France joue un rôle honteux, trop peu