plètement des éditions subséquentes, avouant par là qu’il avait commis un mensonge historique.
Mais le second récit, dépouillé des erreurs du premier, est-il vrai ? Faut-il regarder comme authentique cette visite plus simple de Henri III et ce langage de Maître Bernard, plus modeste avec autant de fermeté ? Je réponds : Pas davantage.
D’Aubigné n’est pas un témoin oculaire ; il n’a pas assisté à l’entrevue. Grâce à ses Mémoires et à son Histoire, nous avons presque jour par jour le détail de ses faits et gestes pendant ces années 1587, 1588 et 1589. II était partout, sauf à Paris. Au commencement de 1587, il fait une reconnaissance à Talmont, en Poitou, tombe quatre mois malade, puis s’achemine par Taillebourg et Saintes, et combat à la bataille de Coutras (20 octobre 1587). De là, il assiste au siège de Beauvoir-sur-Mer, en Poitou, avec le roi de Navarre, Il est à Saint-Jean-d’Angély, lorsqu’y parvint la nouvelle de l’assassinat du duc de Guise (23 décembre 1588). Puis arrivèrent la prise de Niort et celle de Maillezais, où il demeura gouverneur. D’Aubigné n’a donc pu avoir l’anecdote que de seconde main. La lui a-t-on rapportée fidèlement ? la lui a-t-on même rapportée ? Tout ce que je viens de raconter prouve clairement qu’il l’avait prise dans son imagination. Il aura connu l’emprisonnement de Palissy, la mort des Foucaudes, la visite de Henri III au Châtelet ; de tous ces incidents compliqués d’une réminiscence de Sénèque, il aura composé le petit roman que nous avons lu. L’invraisemblance y saute aux yeux les erreurs y abondent ; on y constate