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Bastille. Encor ne puis-je laisser aller ce personnage sans vous dire comment le roi dernier mort lui aïant dit : « Mon bonhomme, si vous ne vous accommodez pour le fait de la religion, je suis contraint de vous laisser entre les mains de mes ennemis, » la responce fut : « Sire, j’estois bien tout prest de donner ma vie pour la gloire de Dieu ; si c’eust été avec quelque regret, certes il seroit esteint en aïant ouï prononcer à mon grand roi : Je suis contraint. C’est que vous et ceux qui vous contraignent ne pourrez jamais sur moi, parce que je sais mourir. »

Les deux versions sont les mômes. Et pourtant qui donc ne sentira, à la simple lecture, une différence de ton ? L’historien a compris que ce qui était de mise dans un pamphlet ne pouvait l’être dans une œuvre sérieuse. Palissy y est ferme sans arrogance. Cependant, à la manière dont cette anecdote est amenée, on voit le désir de l’accréditer en la rééditant. Elle ne se lie pas au récit ; c’est un pur hors-d’œuvre.

Dans cette seconde version, plusieurs faits ont disparu. Plus de Catherine de Médicis, plus de quarante-cinq ans de service, plus de comte de Maulévrier. Ce n’est pas un oubli, c’est une suppression bien votontaire, c’est l’aveu d’une première erreur. En réfléchissant, l’historien aura compris ses fautes, et il les reconnaissait en ne les répétant plus. Ainsi le président Hénault qui, dans la première édition de son Abrégé chronologique en 1744, admettait avec un dit-on le fait de Charles IX tirant sur les protestants le matin de la Saint-Barthélemi, le retrancha com-