personnages poussé jusqu’au burlesque, les calomnies dont il charge ses adversaires, et sa manifeste partialité, doivent nous mettre suffisamment en garde contre ses assertions, et nous le rendre suspect même lorsqu’il pourrait dire la vérité.
En lisant ce passage, on sera frappé du ton qui y règne. Les paroles du roi sont convenables, on y sent la bienveillance. N’a-t-il pas un désir sincère d’épargner le supplice au prisonnier ? La réponse de Palissy n’est pas fière ; elle est insolente. On peut être ferme en sa foi, mais il est mal de répondre à une parole bienveillante par une grossièreté ; Palissy pouvait-il tenir ce langage ? Demandons-nous-le de bonne foi. Il a soixante-dix-huit ans ; il est en prison, il n’a reçu que des marques de bonté de Henri III et de sa mère. À défaut de reconnaissance, il devait au moins du respect au roi qui daignait le venir visiter dans son cachot et tenter un suprême effort pour le sauver. J’ai assez bonne opinion du cœur de Palissy pour croire qu’il n’a pas manqué à ce simple devoir. Cette leçon, adressée avec tant de hauteur par le potier Bernard au roi de France, me paraît être une invention de l’auteur. Elle est tout à fait dans le genre de d’Aubigné ; c’est certainement ce que le terrible batailleur, serviteur dévoué de Henri IV, eût dit à Henri III. Le personnage s’y révèle tout entier sous l’écrivain. Lisez ces lignes avec attention ; vous y reconnaîtrez la tournure concise, énergique, la pensée antithétique si chère à d’Aubigné. Un mot à la fin de la scène, va trahir l’intention de l’auteur. Agrippa d’Aubigné, on le sait, est un poëte, un