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Le 31 janvier 1588, Henri III se rendit aux prisons. La visite aux prisonniers est une de ces œuvres pies que recommande le catholicisme ; et le roi, qui se faisait un devoir d’assister aux processions en habit de pénitent, n’avait garde de négliger cette pieuse pratique. Débauché et crédule, il savait allier l’orgie et la religion. Peut-être aussi trouvait-il là l’occasion d’exercer l’éloquence théologique dont il était fier, contre l’obstination de quelque huguenot. C’est ce jour-là qu’il aurait vu Palissy. M. Henri Martin l’affirme (Histoire de France, tome X, page 76), et tous les biographes sans exception. Or, Henri III n’a pas vu Bernard Palissy à la Bastille, et surtout il n’a pas eu avec lui le colloque que l’on rapporte. Le fait a été si souvent répété, on a si souvent réédité le texte d’Aubigné, tous les historiens sont tellement unanimes sur ce point, et la foule s’accorde si bien avec les biographes, que l’erreur n’est pas facile à dévoiler, et qu’il est besoin de quelques efforts pour démontrer l’invraisemblance et la fausseté de cette anecdocte. On nous permettra donc d’y insister un peu.

Voici comment, au chap. VII de la Confession de Sancy, s’exprime d’Aubigné. Le chapitre est intitulé : DE L'IMPUDENCE DES HUGUENOTS. Ces mots seuls en révèlent l’esprit : « Mais sans compter les hardiesses de ceux qui en font profession, que direz-vous du pauvre potier M. Bernard, à qui le même roy parla un jour en cette sorte : « Mon bonhomme il y a quarante-cinq ans que vous êtes au service de la reine ma mère et de moi ;