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On voit là le philosophe, le chrétien, l’agriculteur, le poële, l’artiste, en un mot une belle âme.

Même après la publication de son livre qui les résumait, Bernard Palissy continua ses conférences. Il les faisait encore en 1584, puisqu’à cette date La Croix du Maine écrit dans sa Bibliothèque : « Il fait des leçons de sa science et profession. » Il ne devait pas tarder à les suspendre, et pour toujours. L’orateur avait alors soixante-quatorze ans, et la Ligue troublait Paris.

L’Union ou Sainte-Ligue, formidable association, avait commencé en 1576. En face de la fédération calviniste qui appelait les Allemands et les Anglais à son secours, les catholiques avaient compris qu’ils ne résisteraient qu’en s’unissant. Abandonnés ou trahis par leurs chefs, les catholiques résolurent de ne compter que sur eux. Toute concession à l’hérésie était un crime ; il fallait à tout prix maintenir l’orthodoxie et la maintenir contre le roi lui-même. Car, ainsi le déclaraient les états généraux de 1576, la religion catholique était une loi fondamentale du royaume qui ne pouvait être changée qu’avec l’accord et le consentement des trois états. Le roi n’était vraiment roi, et la nation ne lui devait réellement obéissance, que du jour où il avait juré obéissance aux lois primordiales du royaume, et le catholicisme était une de ces lois. C’était la doctrine du moyen âge. Le peuple, malgré les efforts des légistes qui tendaient à rendre la royauté omnipotente, indépendante de toute condition et de toute obligation, à la mettre au-dessus des lois, ou plutôt à en faire la loi suprême, avait con-