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estois honteux toutefois ie faisois tousiours mon compte que la science n’a plus grand ennemi que l’ignorance. À présent l’on a garde de m’en faire rougir : ie suis trop asseuré en mon affaire. »

Quand il veut affirmer et prouver sa thèse, le style est net, franc, précis. C’est l’homme pressé d’arriver au but. Voyez cette page 165, où il donne sa théorie des sources. Je défie qu’on trouve une meilleure dans ce genre, et il y en a beaucoup de semblables dans les Discours admirables.

La simplicité est une des principales qualités du style de Palissy. Mais chez lui elle s’allie très-bien au pittoresque, à l’élévation, à l’énergie. Le vieux Caton avait raison c’est du cœur que vient l’éloquence. La pensée dans les ouvrages du potier n’est qu’un élan de l’âme ; de là une originalité véritable et un relief saisissant. On ne trouvera pas de passages plus beaux que son Art de terre. Il y raconte ses déboires et ses souffrances ; et le ton, tout en restant simple, s’élève à une grande hauteur. L’émotion maîtresse d’elle et s’exprimant dignement, n’est-ce pas la véritable éloquence ? Nous ne transcrirons rien de ce récit, véritable chef-d’œuvre ; il a été suffisamment analysé. Voyez encore, page 302, un passage où il raconte les mésaventures d'apprentis émailleurs. C’est un exemple de l’enjouement, du pittoresque et de l’agrément avec lesquels il sait narrer.

La dialectique se cache sous les fleurs ; le raisonnement, même serré, est dissimulé par les grâces de l’expression. La logique l’emporte ; il s’y laisse aller mais l’image naïve, le terme heureux