Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/438

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il y a bien des espèces d’argiles. Les unes font d’excellents creusets d’autres se liquéfient au feu parce qu’elles contiennent des substances métalliques.

Paris offre trois sortes d’argile ; la plus fine est à Chantilly. Celle de Chaillot sert à la tuile. Le Poitou et la Saintonge sont limitrophes aussi. Cependant au four la terre de Saintonge est bien plus tôt cuite. Il est une espèce qu’on peut étirer comme un fil sans qu’elle se casse. Celle des Ardennes, contenant des molécules de fer, est lente à sécher et dangereuse à chauffer. Et pour terminer cette énumération, citons ces vases de terre dont on trouve des fragments sur l’emplacement des villes antiques et dans les tombeaux.

La leçon sur les terres d’argile était la préface. Le livre devait arriver. C’est l’Art de terre, dont le titre, et sans doute l’idée, est empruntée à un ouvrage publié en 1548 par Piccolpasso, Arte di terra. Le potier parlait de ce qu’il avait vu, senti, éprouvé. Ses préceptes sont d’un homme qui en sait la valeur ; il a assez tâtonné, expérimenté, souffert, pour que le fruit de tant de labeurs ne soit pas perdu. L’Art de terre est un des traités les plus remarquables de l’écrivain ; ou plutôt ce n’est pas un traité ; c’est un long sanglot. Il avait dit tout à l’heure : « Un homme qui besogne en l’art de terre est toujours apprentif. » C'est le récit de son douloureux apprentissage qu’il va nous faire. Nous ne l’analyserons pas ; on ne dissèque pas une larme. Ailleurs nous avons raconté, d’après l’Art de terre, les essais si