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dans ses Commentaires sur Dioscoride, publiés à Venise en 1544, appelle les fossiles des matières graisseuses que la chaleur a fait fermenter. Le célèbre anatomiste et chirurgien Gabriel Fallope, de Modène, mort en 1562, les croyaient produites par quelque mouvement tumultueux d’exhalaison du sol ; et ajoutait que les dents fossiles d’éléphant n’étaient qoe des concrétions terreuses. Et pourtant Fallope avait une chaire d’anatomie à Padoue ! Il regardait aussi les vases antiques qu’on trouve dans le sol comme formés fortuitement par le soleil. Michel Mercati qui avait vu au Vatican les fossiles réunis par Grégoire XIII et Sixte-Quint, et qui fut chargé par ce dernier d’en dresser le catalogue, les pensait créés par l’influence terrestre. Cardan, en arrière sur Mercati, en attribuait la dispersion au déluge de Moïse.

Bernard ne s’arrête pas à la doctrine vulgaire. Il a étudié, observé, contemplé la nature, ce beau livre qu’il « est donné à tous de connaître et de lire, » et y a vu la vérité.

Cardan, selon lui, n’a pas réfléchi. Comment les poissons auraient-ils pu être entraînés par les eaux marines ? Les animaux, par un instinct secret, connaissent d’avance le courroux de Dieu. Les goëlans, à l’approche des tempêtes, fuient la mer. Les marsouins qui viennent à la côte sont un signe d’orage. Les poissons armés de coquilles, sentant arriver la tourmente, s’attachent plus fortement aux rochers. Il en est qui se vont cacher au fond de la mer, où le calme le plus profond règne en dépit de l’agitation