le trait le moins caractéristique de cette originale physionomie. Il est, à l’endroit des vertus curatives de ces eaux, sceptique, autant au moins qu’un médecin homœopathe. Comme il raille ceux qui vont aux bains d’Aix en Savoie, d’Aix en Provence, d’Aix en Allemagne, pour y trouver la guérison, et qui en reviennent « autant malades qu’ils estoyent auparavant ! » (P. 154.) Spa cependant fait exception. Il reconnaît à ses sources une grande propriété, l’argent qu’elles font couler de la bourse des naïfs étrangers. En effet, « plusieurs y sont allés boire de la dite eau, qui eussent eu plus de proufit de boire du vin. » Sur cette réflexion, on ne pourra plus guère nier que maître Bernard n’ait été Saintongeois.
Après Bagnères-de-Bigorre et Cauterets, après Argelès et Bayonne, après Orthez et les Pyrénées, le voyageur visite Narbonne. Il distingue (p. 19) dans les marais de Narbonne, le salicor, soude commune, dont on obtient par uslion l’alcali végétal. Alla-t-il à Montpellier ? Il cite bien les eaux et les vins de ce pays. « Les vins y ont une telle force, que (p. 20) les raspes de leurs raisins bruslent et calcinent les lamines d’étain, et les réduisent en vert-de-gris. »
À Nîmes, à Avignon, la beauté des ouvrages romains le captive. Il s’extasie devant l’amphithéâtre de Nîmes (p. 146), cette ville antique que les empereurs et les proconsuls s’étaient fait un plaisir d’embellir, et surtout devant le pont du Gard. « Le dit pont est une œuvre admirable (p. 145) ; car pour venir depuis le bas des montagnes iusques à la sommité d’icelles, il a fallu édifier trois rangs d’arcades d’une