il n’aurait pas plus tard pu parler des espérances que faisait concevoir le marquis de Pisany, déjà assez connu en 1571 pour être nommé ambassadeur de Charles IX à Rome auprès de Pie V. Puis Nicolas Alain étant mort peu de temps, parait-il, après 1570, il est difficile qu’il ait imité dix ans plus tard la description de Bernard Palissy. L’ouvrage de Palissy est postérieur à cette date : car il y parle des Ardennes qu’il ne visita qu’après I572.
Mais comment Maître Bernard a-t-il eu connaissance à Paris d’un manuscrit qui était à Saintes ? Comment a-t-il pu traduire un ouvrage latin, lui qui ne savait pas un mot de la langue de Cicéron ?
Bernard Palissy se vantait bien haut de n’être « ne Grec, ne Hébrieu, ne Poëte, ne Rhétoricien. » Mais cette modestie est trop affectée pour être sincère. Est-il bien vrai qu’il ne connaissait pas le latin ? D’ailleurs, cette ignorance ne l’empêchait pas de citer Vitruve, Pline, et d’autres auteurs qui ont écrit dans leur langue, quand il en avait besoin. Et n’y a-t-il pas les traductions ? N’ont-elles été inventées que pour ceux qui seraient capables de les faire ? Ce lui était à la rigueur un moyen d’écarter le soupçon. J’en dirai autant de son éloignement de la Saintonge. Paris ne pouvait l’empêcher d’y revenir ; il y avait laissé des intérêts et des dettes qui devaient l’y rappeler quelquefois. Mais son séjour là-bas pouvait facilement éloigner l’accusation de lui. Il avait été lié avec Nicolas Alain. Entre amis, ne se rend-on pas ces petits services ? On s’emprunte souvent de ces minces objets qu’on ne rend jamais.