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rien de plus indigeste ! C’est pour étouper certains conduits du corps humain, disent les livres. Ah ! bien oui ; vous avez vu fermer des trous aux murailles avec du plâtre, et vous croyez qu’il en sera ainsi de l’homme ? Après tout, gardez-le, ce plâtre ; il sera aussi utile dans votre thériaque que dans tout autre médecine. Pourtant avant de se jeter des pierres dans l’estomac, on se devrait bien demander au moins s’il est capable de les digérer, et quelles sont ces pierres : car il en est qui contiennent des sulfates et sont très-nuisibles à la santé. Et puis si, comme on l’a écrit, il existe trois cents sortes de poisons, auquel des trois cents servira votre antidote ? — Mithridate, dit-on, lui dût la vie. — Peut-être ; mais le mélange alors était bien plus simple. Composé de quatre substances, un électuaire peut ne pas être mauvais. Ne croyez pas toutefois qu’il puisse servir dans tous les cas d’empoisonnement. La mort vient par le froid et par le chaud ; emploieriez-vous les mêmes préservatifs ? Contre la peste ou la lèpre userez-vous de la même médecine ? Chaque maladie se guérit par son contraire. Concluons donc que le mithridate, tel qu’il est à présent, est au moins inutile.

Ainsi, étranger aux connaissances médicales, Bernard Palissy avait, par le simple bon sens, compris et montré que ce pêle-mêle monstrueux ne pouvait avoir qu’une action complexe et douteuse, lorsqu’elle n’était pas nuisible.

Le signal était donné par le potier. À sa voix d’autres arrivèrent, hommes spéciaux qui traitèrent