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d’Andromaque le spécifique que ce Crétois avait revu et augmenté.

Gallien en a donné la formule originale. On y trouve : trochisque de scille, vipères sèches, agaric, iris, roses rouges, semence de navet sauvage, suc de réglisse, racines de potentille, feuilles de dictame, nard indien, jonc odorant, safran, poivre, gingembre, écorce de citron, racine de gentiane, de valériane, millepertuis, fenouille, anis ; puis térébenthine de Chio, terre de Lemnos, miel de Narbonne, vin d’Espagne, baume de la Mecque, bitume de Judée, encens en larmes, etc. En outre, ce genre a ses variétés. Et pourtant ce n’était pas assez de substances hétérogènes. Quand on prend des médecines, on n’en saurait trop prendre. Le salmis s’accrut donc peu à peu, chaque médecin trouvant bon d’y jeter les drogues dont il avait éprouvé l’efficacité. Vires acquirit eundo. Au seizième siècle, elles se montaient à trois cents en chiffre rond. On préparait la thériaque en grande pompe, à Venise. À Paris, il y avait un cérémonial tout particulier et c’était presque une obligation à tous les pharmaciens d’acheter de celle-là.

Maître Bernard a beau jeu. Comment, s’écrie-t-il, trois cents sortes de drogues peuvent-elles loger ensemble dans un estomac, sans s’y bousculer et s’y nuire ? Prenez un chapon, une perdrix, une bécasse, un pigeon et autres gibiers ; est-ce qu’ils ne seront pas meilleurs, servis à part que hachés et pilés ensemble ? Bien plus, il a demandé à un apothicaire la composition du mithridate et il y a vu du gypse et de l’albâtre calcaire. Quoi du plâtre ? Mais y a-t-il