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ont affirmé avoir vu rarement des vers aux enfants de la capitale. Il est vrai que dans les Ardennes, Palissy attribue leur abondance au beurre et aux laitages dont on y fait usage. En retour dans ce pays d’Agenois et lieux circonvoisins, il trouve (p. 235) une grande quantité de figuiers, dont les fruits, avant la maturité parfaite, ont un suc si corrosif, qu’il fend les lèvres de qui en mange ; et les petites figues coupées rendent aussi clair qu’eau de fontaine le blanc d’oeuf dont les peintres se servent pour détremper leurs couleurs.

Voici notre ouvrier à Tarbes ; il y résida quelque temps. De là il fait des courses dans les Pyrénées. « Les sites pittoresques de ces montagnes, dit M. A. Matagrin[1], cette nature tourmentée, grandiose, imposante, le spectacle de ces merveilles semées à profusion sous les pas des voyageurs, la poésie de l’inconnu, ce charme irrésistible qui attire et domine les intelligences d’élite, durent exercer une puissante influence sur l’imagination de Palissy. » En effet, on reconnaît, sous la description fort brève qu’il en fit, quelque chose de Fénelon. L’auteur du Traité de l’existence et des attributs de Dieu a écrit au chapitre II de la première partie : « Les rochers, qui montrent leur cime escarpée, soutiennent la terre des montagnes, comme les os du corps humain en soutiennent les chairs. » N’est-ce pas là la pensée que cent ans auparavant Palissy exprimait dans son livre Des eaux et fontaines (p. 165) : « Tout ainsi que l’homme est soutenu en sa hauteur et grandeur à cause des os, et sans iceux,

  1. Bernard Palissy, sa vie et ses ouvrages, page 11.