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comparaître Charpentier devant le parlement qui, touché de ses larmes, lui épargna l’humiliation de l’examen. Ramus s’acharna mais, ayant écrit contre Aristote, il encourut le blâme de l’Université, qui le fit bannir à perpétuité et brûla ses livres en 1568. Après la paix de 1570, il rentra à Paris ; ce fut pour y périr à la Saint-Barthélemi. Son envieux rival, Charpentier, soudoya des bandits qui le massacrèrent, et les écoliers répandirent ses entrailles dans la rue, traînèrent son cadavre jusqu’à la place Maubert en le frappant de verges, et finirent par le jeter dans la Seine.

Bernard Palissy vit ces divisions entre savants patronnés et rétribués par l’État. D’autre part, il était témoin des succès de savants moins patentés, mais plus véritablement instruits. Jean Fernel, premier médecin de Henri II, aussi élégant écrivain qu’habile praticien, répandait par sa parole, ses ouvrages et son exemple, les plus saines théories médicales, et donnait le premier la mesure approximative d’un degré du méridien ; François Viète, de Fontenay-Ie-Comte, constituait l’algèbre ; Jérôme Cardan touchait aux mathématiques et à la physique, à la géologie et à la philosophie ; tandis que Paracelse trouvait l’art de préparer les médicaments par la chimie, l’opium et le mercure. Conrad Gessner, le Pline de l’Allemagne, fondait la botanique moderne en classant les plantes d’après leurs semences et leurs fruits. Pierre Belon, voyageur infatigable, introduisait en France une foule de plantes exotiques et décrivait celles qu’il avait vues. Palissy aussi, comme ces hommes qui s’étaient