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et qui s’en contenterait pourrait bien, comme lui, passer quinze ans avant de trouver dans quelles proportions ces matières doivent être combinées. Heureusement la chimie a analysé son émail. Elle y a découvert le secret qu’il cachait. Aujourd’hui on prend 44 de calcine composé d’oxyde d’étain 23, et 77 de plomb, puis 2 de minium, 44 de sable de Decize près Nevers, 8 de sel marin et 2 de soude d’Alicante. Ces quantités varient suivant la dureté que l’on veut obtenir, la matière de la pâte et l’intention du fabricant. Cet émail peut être coloré par divers oxydes métalliques tels que l’oxyde d’antimoine, pour l’émail jaune, l’oxyde de cobalt à l’état d’azur pour l’émail bleu, le protoxyde de cuivre pour le vert pur, et le protoxyde de manganèse pour le violet. Ce sont bien là les substances qu’indique maître Bernard.

Le plus souvent la glaçure à base d’étain est tout à fait opaque. Alors l’émail est fort dur et résiste à l’action de l’acier. Son seul défaut est de présenter parfois comme les faïences allemandes « des tressaillures fines et régulières, qui vues à la loupe font l’effet de porcelaines chinoises. » Quelquefois l’émail plus transparent est aussi plus tendre, mais se laisse encore difficilement rayer par la pointe d’un couteau ; la base est alors plombifère. Ainsi la faïence de Palissy tient le milieu entre la faïence émaillée ordinaire, qui, bien faite, ne peut être rayée, et la faïence plombifère qui peut toujours l’être. Il y a un grand rapport entre la sienne et celle d’Oiron, sauf que cette dernière n’est pas stannifère et que sa pâte ne contient ni fer, ni chaux. Les couleurs de Palissy