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triques ; mais a-t-il bien pu offrir à l’admiration la Vierge et les saints, dessiner des croix, sculpter des têtes d’anges, émailler un chapelet ? Non, certainement. J’ajoute que M. Delange est du même avis, mais pour d’autres raisons, sur la Décollation et le Baptême dans le Jourdain, et qu’enfin un amateur de Bernay, près de Lisieux, M. Asegonde, possède un moule en terre blanche de ce plat du Baptême, qu’un chercheur fort compétent en céramique locale, M. Dupont-Auberville, d’Alençon, n’hésite pas à croire d’origine normande. Et cela ne doit pas surprendre. Palissy n’eut pas le monopole des terres sigillées. Il se créa des établissements semblables à Fontainebleau, à Paris et dans les environs, dans le nord et dans le centre de la France.

C’est de la Normandie notamment, et probablement du pays de Caux, où M. Dupont-Auberville croit avoir trouvé une fabrique de poteries de la fin du seizième siècle, que sont sortis, et avant même Palissy, force épis et crêtes de toitures, vendus à très-haut prix comme œuvres de maître Bernard, et qui sont une imitation des statues de terre qu’au rapport de Pline[1] et de Cicéron[2] les vieux Romains plaçaient au faîte de leurs maisons. Ces épis, dont un grand nombre sont coloriés de divers émaux, se plaçaient sur le pignon des toits, souvent deux à deux dans les toits à croupes. On en trouve encore dans les environs de Lisieux. Ils ont quelque ressemblance avec les poteries italiennes. Quoique fabriqués en Normandie, ces épis,

  1. Hist. nat., liv. XXXV, chap. XII.
  2. De Divinatione, I, 16.