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temps après la Saintonge et Paris ; il en parle fréquemment et semble l’avoir parcouru dans tous les sens. Il visite, près de Sedan, les forges de Daigny, de Givonne et d’Haraucourt. Il remarque que dans cette contrée, comme en Bigorre (p. 295) les maisons sont couvertes d’ardoises. Il signale de nombreuses mines de fer, avec cette particularité que, sur les terres du duc de Bouillon, le minerai est fort petit. Là ni vins, ni fruits. Le sol froid n’y peut produire que du seigle. Et encore les paysans, pour donner à leur sol un peu de fertilité sont-ils forcés d’employer la chaux, comme ailleurs le fumier. Ou bien ils usent du brûlis. Pour cela, ils coupent (p. 248) du bois en grande quantité, le couchent et l’arrangent dans la terre d’espace en espace, puis le couvrent de mottes de terres. Ils y mettent le feu ; c’est un peu la pratique suivie par les charbonniers. La terre qui a été ainsi échauffée, les cendres du bois et celles des racines qui se rencontraient dans l’humus, sont répandues sur le champ comme fumier. Et le sol, fertilisé par cet engrais, donne du seigle aux laboureurs. Remarquons cependant que Palissy ne préconise pas la méthode des brûlis absolument ; et il faisait sagement. Nouvelle en France, ou au moins connue seulement dans les Ardennes, cette opération n’était pas ignorée des anciens. Virgile l’a décrite au premier livre des Géorgiques, vers 84.

Sæpe etiam steriles incendere profuit agros,
Atque levem stipulam crepitantibus urere flammis.
Souvent aussi il est bon d’incendier un champs stérile,
Et délivrer le chaume léger à la flamme pétillante.