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sont des puits dont l’eau est salée ; cette eau est recueillie dans une énorme chaudière de 30 pieds de long, autant de large, maçonnée sur un four. C’est par l’évaporation qu’on obtient le précieux condiment. Mais quelle dépense ! Aux deux gueules du four se tiennent deux hommes, dont l’unique occupation est d’alimenter le feu. De nombreux chariots amènent le bois des forêts, où un plus grand nombre de bûcherons l’abattent. Quatre mille arpents sont destinés à l’entretien de la fournaise ; la coupe est d’un quart par année. Palissy calcule que les Lorrains agiraient plus sagement s’ils vendaient du bois pour acheter du sel ; ce sel leur revient trois fois plus cher qu’en France, et encore ne vaut-il pas celui de la Saintonge : car aux Saintongeois qui n’ont point de bois pour faire leur sel, Dieu prête libéralement son soleil. Mais les Lorrains cependant ne se plaignent pas trop du leur, et y trouvent une source inépuisable de bénéfices.

Ce n’était pas assez de parcourir la France ; l’Allemagne offrait un champ vaste à ses investigations. Il franchit la frontière. À Fribourg-en-Brisgau, il admire (page 295) « ce beau cristal qui se trouve ès montagnes, auxquelles il y a de la neige presque en tout temps, » ce qui lui fait croire, d’après les anciens, que le cristal « ne se fait que par abondance d’eau et de froidure. » Même observation pour l’Auvergne, pour Dinant, les Ardennes, et tout aussi peu fondée. On a découvert des cristaux dans les régions les plus chaudes et sur les cratères des volcans. La cristallisation a lieu par dissolution