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pouvait rester oisif ; il avait soif de s’instruire ; il se mit à parcourir le pays. C’est à cette époque qu’il faut rapporter ses excursions dans les Ardennes, en Allemagne, dans les provinces rhénanes et en Flandre. Dans son premier ouvrage publié en 1563, il n’est pas fait mention de ces contrées. Au contraire, leurs noms reviennent à chaque page dans le volume qu’il imprima en 1580.

Bernard Palissy quitte Paris, où sa vie n’est pas en sûreté. Il part et va consacrer à la science le temps qu’il faut donner aux soins de ses jours, et qu’il voudrait laisser tout entier à ses émaux. En route il examine, il observe et s’arrête, si quelque curiosité naturelle l’y invite. C’est ainsi que nous aimons à nous le figurer, allant çà et là, un peu à l’aventure, au gré de ses fantaisies scientifiques. Suivons-le donc dans cet itinéraire, que nous lui imaginons.

À Meaux, en Brie, il apprend que dans la maison des Gillets deux individus descendus dans un puits viennent d’y périr, et qu’un troisième s’est à grand peine échappé. L’esprit encore tout plein des préjugés huguenots, et les idées du moyen âge aidant, Bernard croit à l’infection des puits. Comme si l’accumulation de gaz délétères au fond de certains trous ne suffisait pas à asphyxier les imprudents qui s’y aventurent sans précaution ! Ne blâmons pas trop l’ouvrier de son explication fautive. Est-ce que, pendant le choléra, les mêmes bruits d’empoisonnement des sources ne coururent pas dans Paris ?

Dans la Brie, Bernard remarque que la marne est