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Toutefois, comprenant que ce serait tenter Dieu que de rester à Paris, exposé plus longtemps à l’arquebuse d’un fanatique, et voyant que, dans ce tumulte effroyable, il n’y avait plus place pour l’art paisible, Bernard Palissy prit le sage parti de céder à l’orage. Il quitta donc ses fourneaux, ses travaux commencés, pendent interrupta opera, et partit.

Il y avait alors à Sedan un prince qui favorisait ouvertement les calvinistes. Henri-Robert de la Marck, duc de Bouillon, prince souverain de Sedan, descendant du fameux Guillaume de la Marck, le Sanglier des Ardennes, petit-fils du célèbre maréchal de Fleuranges l’Aventureux, et fils aîné du maréchal de Bouillon, avait, en 1558, épousé Françoise de Bourbon, fille de Louis II de Bourbon, duc de Montpensier, qui, malgré son père, mais sur les instances de sa mère, Jacqueline de Longwy, morte en 1561, assistée du ministre Malot, ci-devant curé de Saint-André des Arcs, avait embrassé le calvinisme. Un an après, Henri-Robert, comme un autre protecteur de Palissy, Antoine de Pons, séduit par les grâces et l’esprit de sa jeune femme, avait abjuré le catholicisme. En vain, le duc de Montpensier avait tout fait pour ramener à la foi de ses aïeux sa fille rebelle ; un jour, c’est une conférence qu’il ménage à Paris, chez le duc de Nevers, devant sa fille, son gendre et l’amiral de Coligny, entre deux ministres réformés, Jean de l’Épine et Hugues Sureau du Rozier, et deux théologiens catholiques, Simon Vigor et Claude de Sainctes, chanoine séculier de Saint-Chéron, évêque d’Évreux en 1575 ; une autre fois (4 novembre 1572),