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de diverses linges, toiles ou substances rayées, si très approchans de la nature, qu’il n’y auroit homme qui ne pensast que ce fut la mesme chose que l’ouvrier aurait voulu imyter... Je vouldrois fere certaines figures après le naturel, voire imitant de si près la nature, jusqu’aux petits poilz des barbes et des soursilz, de la même grosseur qui est en la nature, seroient observez... »

En présence d’un texte aussi formel, il n’y a plus à douter. Les moules trouvés au Carrousel, le four qui les contenait sont bien les moules et le four du potier saintongeois.

On a cru que l’artiste avait habité près de ces ateliers. Le fait n’a rien d’impossible. Les autres ouvriers ou employés pouvaient venir travailler là le jour et s’en retourner le soir chez eux. Palissy, lui, devait être sans cesse à ses fours, surveiller jour et nuit la cuisson de ses pièces et diriger la fusion de ses émaux. Il a donc pu fort bien se construire une demeure provisoire, et l’occuper tout le temps qu’il a construit la grotte et décoré le jardin. C’est ce qui expliquerait le nom de « Bernard des Tuilleries » qui lui fut donné. Le savant conseiller au parlement d’Aix, que ses libéralités envers les savants firent appeler par Bayle le procureur général de la littérature, Nicolas-Claude Fabry de Peirese, en 1606, visitant Écouen avec le premier président du Vair, depuis garde des sceaux de France, n’appelle Bernard Palissy que « maître Bernard des Tuilleries. » De plus, une main anonyme mais contemporaine a écrit