Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que de respect à la mémoire de Palissy que de lui prêter cette physionomie ennuyeuse et busonne qui sent d’une lieue le hobereau ou l’échevin prenant un air grave pour poser devant la postérité. Si le potier de Saintes nous eût légué sa portraiture, la bonne opinion qu’il avait de sa personne l’eût empêché de se défigurer ainsi et lui eût fait mettre sur son visage un reflet de ce qu’il avait dans le cœur. Nous aurions dès lors sous les yeux une tête austère et vigoureuse, comme celle d’Ambroise Paré, gravée par Étienne de l’Aulne, mais empreinte du génie moderne, comme celle de Mélanchthon par Durer. »

Il est un autre portrait qui s’accorde mieux avec le costume et l’âge du personnage. C’est celui qu’ont gravé le Magasin pittoresque et d’autres recueils. Patissy y porte la fraise, comme un grand nombre de ses contemporains, et une espèce de houppelande à brandebourgs. La calvitie et les rides révèlent une soixantaine d’années. Ce serait le moment où Palissy travaillait aux Tuileries. De plus, M. Du Sommerard, en 1865, a acquis pour le musée de Cluny un portrait, cette fois authentique, de l’artiste saintongeois. Il est sur vélin. Le nom s’y trouve en toutes lettres ; et au bas est inscrite cette sentence :

Nulle nature ne peut produire son fruit sans estrème travail, voire et douleur.          PALISSY.

Le costume est riche. On n’en sera pas étonné, puisque l’émailleur fréquentait alors la cour. Les tuyaux de la fraise sont dorés. Le crâne est chauve ; la barbe descend en pointe. Les traits sont fatigués.