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Cette grotte rustique n’est certainement pas celle qu’avait rêvée l’artiste. Pas de fleurs, il en voulait. Les animaux ne sont pas exactement ceux qu’il désirait. L’émail ne se trouve pas partout ; c’était pourtant un point essentiel dans son plan. « Quand le cabinet sera ainsy massonné, dit-il (p. 60), je le viendray couvrir de plusieurs couleurs d’émails depuis le sommet des voutes iusques au pied et pavé d’iceluy ; quoy fait, ie viendray faire un grand feu dans le cabinet susdit, et ce iusques à temps que les dits esmails soient fonduz et liquéfiez sur la dite massonnerie ; et ainsi les esmails en se liquéfiant couleront, et en coulant s’entremesleront, et en s’entremeslant ils feront des figures et idées fort plaisantes ; et le feu estant osté du dit cabinet, on trouvera que les dits esmails auront couvert les jointures des briques desquelles le cabinet sera massonné ; et en telle sorte que le dit cabinet semblera par le dedans estre tout d’vne pièce... »

Au lieu de cela des médaillons ovales d’empereurs romains, les douze Césars en chlamyde, des aigles, des dauphins, bien qu’en 1570 il n’y eut pas de dauphin, puisque le duc d’Anjou, frère du roi, ne porta point ce titre, et que Charles épousa, seulement cette année, Élisabeth d’Autriche. Les animaux y sont plus rares que sur la légende. C’est une façon de boudoir, plutôt qu’une grotte. Le mot rustique brille sur l’étiquette ; mais il n’est guère que là. Si Palissy a conçu et exécuté le plan de cette grotte, ce ne peut être que sous le règne de Henri III. Il est dans sa dernière manière, et date de 1574 au plus tôt. « Ses premières