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dans un État ; l’adresse n’y sert plus de rien ; il faut en venir à la force[1]. »

La veille, aux envoyés des provinces luthériennes d’Allemagne, qui venaient, au nom et sur les instances des calvinistes de France, réclamer quelques nouveaux privilèges il répondait, choqué de cette intervention étrangère : « Je conserverai volontiers l’amitié de vos princes, quand ils ne se mêleront pas plus des affaires de mon royaume que je ne me mêle de celles de leurs États ; » puis, il ajoutait : « Je suis vraiment d’avis de les prier aussi de laisser prêcher les catholiques et dire la messe dans leurs villes. » C’étaient les bruits sourds précédant l’orage. Les huguenots amassaient de l’argent et fourbissaient leurs armes. La cour, pour être en mesure, arma six mille Suisses. Elle prétextait le passage sur ses frontières du duc d’Albe, qui allait châtier les Pays-Bas, révoltés contre l’inquisition espagnole. Les princes donnent le signal des hostilités. Tout était d’avance arrêté. On devait s’emparer du roi, le déclarer déchu du trône et mettre à sa place le prince Condé. La duchesse de Ferrare, Renée de France, écrivait, en mars 1564, à Calvin une lettre confidentielle, qui prouve ses projets de révolution dynastique, dont Blaise de Montluc accusait les réformés gascons avant 1562 ; elle y parle de ces prédicants sanguinaires qui criaient qu’il fallait « exterminer un pupille... jusqu’à exhorter les simples femmelettes à dire qu’elles voudraient de leurs mains tuer ou étrangler » ces ennemis de l’Évangile. Il y aurait même eu un monument de ces

  1. Davila, liv IV.