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Comprit-il que la nouvelle religion dont il s’était fait le prosélyte, coûtait à la France bien des larmes, des ruines et du sang ? Sans doute. Je constate, en effet, que, dans son second ouvrage publié en 1580, on ne trouve pas un mot pour les protestants, dont, en 1563, il célébrait les vertus avec tant d’empressement et d’amour.

L’aspect de Paris n’était point fait pour modifier les idées que Bernard Palissy avait pu concevoir en Saintonge. Là encore tout était trouble et inquiétude. Catherine de Médicis, toujours louvoyant, avait blessé tour à tour catholiques et protestants. Les protestants surtout étaient irrités contre elle. Un ministre, qu’on croit être Sureau du Rozier, osa publier, au commencement de 1563, un livre où il lançait que : « il est loisible de tuer un roi et une reine qui résistent à la réformation de l’Évangile[1] »

Catherine était assaillie de lettres menaçantes. On lui annonçait le sort du duc François de Guise et du président Minard. Si la reine-mère dissimulait, le jeune roi laissait clairement voir son indignation. À la vue des exigences chaque jour plus grandes des réformés, il disait à l’amiral de Coligny : « Vous vous contentiez d’être soufferts par les catholiques ; vous demandez maintenent à être égaux ; bientôt vous voudrez être seuls et nous chasser du royaume. » Et, exaspéré par le silence de l’amiral : « Le duc d’Albe a raison ; des têtes si hautes sont dangereuses

  1. Lacroix du Maine, Bibliothèque, p. 173.