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Barthélemi Berton, et que Lyon est mis pour la Rochelle ? Le nom de l’auteur Pierre Braillier est une nouvelle supercherie ; P. B. sont les initiales de Bernard Palissy, interverties pour mieux dérouter les recherches et ajouter créance au pseudonyme.

Gobet n’a pas remarqué les différences entre les deux ouvrages. Qu’importent quelques analogies dans la forme ! Les ressemblances matérielles, qui sont incontestables, prouveraient une origine commune. Mais de ce que les deux livres sont sortis des mêmes presses, faut-il en conclure qu’ils sont du même auteur ? Palissy est vif, serré, pressant. Braillier est lourd. Le style et les idées sont tout à fait contraires. Bernard ne s’en rapporte qu’à l’expérience, et veut voir pour croire ; Pierre admet comme démontrés les phénomènes les plus apocryphes. Un lecteur habile, un observateur attentif ne se trompera pas ; il rendra bien à Palissy ce qui lui appartient, et à Braillier ce qui est à Braillier, où à quelque autre.

Si ces preuves ne suffisaient pas, il en existe d’autres. Au commencement du traité Pour trouver cognoistre la terre nommée Marne (page 325), Palissy met dans la bouche de Théorique ces paroles :

« Il me souuient avoir veu vn petit traité que tu fis imprimer durant les premiers troubles, auquel sont contenus plusieurs secrets naturels, et mesme de l’agriculture ; toutefois combien que tu ayes amplement parlé des fumiers, si est-ce que tu n’as rien dit de la terre qui s’appelle marne : bien scay ie que tu as promis par ton liure de regarder s’il s’en pourrait trouuer en Xaintonge et autres lieux. »