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conils iouans, sautans et penadans[1] le long de la montagne. » Mais c’est dans les vers de Marot qu’il faut chercher les expressions dont se sert Palissy :

Tu fis descendre aux vallées les eaux,
Sortir y fis fontaines et ruisseaux,
Qui vont coulant, et passent, et murmurent
Entre les monts qui les plaines emmurent.

Et c’est afin que les bestes des champs
Puissent leur soif estre là estancbans,
Beuvant à gré toutes de ces breuvages,
Toutes, je dis, jusqu’aux asnes sauvages.

Dessus et près de ces ruisseaux courans
Les oiselets du ciel sont demeurans,
Qui, du milieu des feuilles et des branches,
Font résonner leurs voix nettes et franches.

Par ta bonté les monts droits et hautains
Sont le refuge aux chèvres et aux daims ;
Et aux conils[2] et lièvres qui vont vistes
Les rochers creux sont ordonnez pour gistes.

La strophe de Marot est la paraphrase du verset de David ; le jardin de Palissy en veut être la traduction vivante.

Il règne dans toute cette description, un charme indéfinissable. L’écrivain qui dessine son jardin en comprend toutes les beautés. Pendant que sa main en trace les allées, son cœur s’émeut à la vue des arbres et des animaux. « l’aperceu, dit-il (page 84), certains arbres fruitiers, qu’il sembloit qu’ils eus-

  1. Penadans, penader, prendre ses ébats. Ce mot s’est transformé en panader au siècle suivant.
    Puis parmi d’autre paon tout fier se penada,

    dit la Fontaine du geai. Le verbe a encore changé au dix-neuvième siècle ; mais les geais se pavanent toujours.

  2. Conil, counil, du latin CUNICULUS, lapin vulgaire.