Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une palice, d’où sans doute Palici, Palissy, pour une haie ; chaumenir (page 47) pour moisir ; meler (page 75) pour sécher en parlant des fruits ; aller penader, pour aller courir, se promener, se divertir ; la prée, pour le pré, la prairie ; un journau pour un journal ; un terrier, c’est une butte de terre ; se raler pour se tapir, en courant comme le râle. Voici une de ses expressions : Je te quitte pleurer ; il le quitta aller ; nous le quittâmes venir. Un homme qui, pour la première fois, à trente ans, entend ce mot, s’étonne et ne comprend pas ; s’il apprend que cela signifie laisser pleurer, laisser venir, laisser aller, l’emploi du verbe quitter dans le sens de permettre fera sur lui une assez vive impression pour qu’il ne se croie point autorisé à s’en servir. Ces expressions, qui attirent l’attention de l’étranger, passent inaperçues pour l’indigène. Pour que Palissy en ait fait usage, il faut qu’il y ait été accoutumé dès l’enfance, et par conséquent qu’il ait été apporté fort jeune en Saintonge, peut-être au maillot. Il y a certainement balbutié ses premières syllabes et épelé ses premières lettres.

Comment y vint-il ? Il y a une légende. Certain arpenteur passe à la Capelle-Biron, voit l’enfant, est charmé de sa mine éveillée, de sa gentillesse, de ses réponses habiles et de son intelligence précoce ; il l’emmène avec lui et lui apprend son métier. Ce n’est là qu’un roman.

Il est une hypothèse aussi naturelle et plus vraisemblable. Les Gontaut, barons de Biron en Agenois, étaient au seizième siècle, et jusqu’à la révolution, seigneurs de Brisambourg en Saintonge. Ils ont pu,