Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

après le prêche pour ne point manquer de célébrer le jour du Seigneur. On voit ce que devient cette entente fraternelle.

Le premier moment de stupeur passé, les catholiques relevèrent la tête. « La fureur des huguenots, dit M. Henri Martin[1], fournit à leurs ennemis de cruelles armes ; la soif du sang et de la vengeance dévorait les populations catholiques à l’aspect ou au récit de tant de sacrilèges ; l’indignation gagnait les hommes les plus étrangers aux superstitions, les plus disposés naguère à seconder les novateurs contre les abus de l’Église ; une partie des gens du peuple, qui avaient participé aux profanations par entraînement et par esprit de désastre, eurent bientôt horreur de leur ouvrage. La masse catholique, d’abord étourdie et surprise, commençait de s’organiser à son tour. » Les habitants de Saintes firent comme partout ; ils rejetèrent les apôtres armés qui prêchaient la liberté en opprimant et la tolérance en massacrant. La Rochefoucauld avait mis dans leur ville une garnison ; ils la forcèrent bientôt à déguerpir, et ouvrirent leurs portes aux gens du sieur de Nogaret qui occupaient le château fort de Taillebourg.

C’est alors que Louis de Bourbon, duc de Montpensier, qui avait succédé à Antoine de Navarre, mort le 17 novembre 1562 aux Andelys, dans le gouvernement général des provinces maritimes d’Aquitaine, parut en Saintonge. Il avait rejoint à Bergerac son lieutenant général Charles de Coucis, comte de Burie, qui

  1. Histoire de France, IX, page 126.