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restes de Jeanne de France ; à Cléri, le tombeau de Louis XI ; à Rouen, ceux de Rollon, de Guillaume Longue épée et de Richard Cœur de lion. Les reliques de saint Irénée et de saint Martin de Tours furent jetées au Rhône et à la Loire. La statue de Jeanne d’Arc fut renversée du haut du pont d’Orléans. « Hélas ! s’écrie dans son Discours du sacagement des Églises de France[1], le bénédictin Claude de Xaintes, tant de barbares, tant d’ennemis de Dieu et de la France ont-ils passé parmi nous et pardonné à ces morts, afin que les instruits et convertis à Jésus jetassent leurs cendres, plus de douze cents ans après leur mort, au feu et au vent. » Il est fâcheux qu’on ne trouve pas, chez Palissy, un regret semblable, un mot pour flétrir ces excès. Il en avait été le témoin, et puisqu’il les racontait, il les devait blâmer.

À Fléac, un prieuré de Chanceladais fut complétement ruiné, et, dit Florimond de Rémond, « on joua au rampeau avec des testes de prestres. » À Angoulême les sépulcres furent ouverts ; les cadavres qui avaient encore quelques restes de chairs furent poignardés, et les os dispersés. Dans la cathédrale reposait le corps du grand-père de François Ier, Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, mort, l’an 1467, en odeur de sainteté. Le plomb de son cercueil servit à faire des balles d’arquebuse, et ses restes furent mis en lambeaux[2]. À Saint-Jean-d’Angely, quelques jours avant la fête patronale (24 juin), maître Arnauld Rolland, maire et capitaine de la ville, suivi d’une troupe en

  1. Archives curieuses, IV, 398.
  2. Varillas, Histoire de Charles IX ; de Thou, IV, 261.