Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

palisse ou palice, pour palissade, fort usité à Saintonge ? Question qu’il est plus facile de poser que de résoudre.

Si Bernard Palissy est venu au monde dans le diocèse d’Agen, il le quitta bien jeune pour la Saintonge. La Saintonge est tout entière dans ses livres, les minéraux qu’elle cache en son sol, les poissons qu’elle nourrit dans ses eaux, les plantes qu’elle produit, les villes dont elle est fière. Il la connaît et il l’aime. En revanche, l’Agenois n’obtient de lui qu’une mention vulgaire. Il parle quelque part des fruits qu’on y récolte et notamment des figues. Évidemment, il a dû lui dire de bonne heure adieu, puisqu’il n’en a gardé qu’un souvenir confus et banal.

On veut qu’il n’ait paru en Saintonge qu’à l’âge de trente ans. Nous croyons que cela est impossible. Artisan, il n’a point fréquenté beaucoup les écoles ; il n’a point appris à lire dans les ouvrages grecs et latins. L’enfant du peuple parle la langue de sa mère ; et cette langue de la jeunesse, on la conserve dans l’âge mûr. Il n’est point facile de se défaire des provincialismes ; et l’accent natal subsiste en dépit des continuels efforts. Si Bernard a passé dans l’Agenois trente ans de sa vie, vingt ans même, ces premières années où impressions et idées se gravent si profondément dans l’esprit, il parlera la langue de l’Agenois. Ce sera un homme du Midi. Dans ses mots, dans ses pensées, on retrouvera un goût de terroir, un parfum du cru. Or, tout en lui est Saintongeois, à part peut-être son énergie, mais surtout son style. Il dira alize ; c’est la galette faite du résidu de la pâte et peu levée, régal des enfants : un pilot, pour un tas ;