ruent dans les églises, pillent reliquaires et vases sacrés dont plusieurs s’enrichirent, renversent les autels, brisent les images, fouillent les tombeaux et dispersent au vent les cendres des morts. Les religieux sont contraints de fuir. Vingt ou trente qui revinrent furent massacrés.
Six ans plus tard, toutes les églises elles-mêmes, excepté la seule chapelle de Sainte-Marguerite, furent démolies ; les clochers, qui pouvaient être utilisés comme moyen de défense, subsistèrent seuls. Il en fut de même dans toute la province. « La maladie d’abattre les images, dit Philippe Vincent, ministre à la Rochelle, était quasi universelle et se communiqua par contagion à ceux de cette ville. » À peine resta-t-il quelques églises délabrées, des pans de murs noircis par la fumée de l’incendie ou lézardés par le choc des toits. Des quatre-vingt-sept églises du pays d’Aunis, celle d’Esnandes seule conserva ses voûtes.
Ces exploits des Rochelais n’étaient malheureusement pas des faits isolés. Que de ruines accumulées par toute la France ! Les mille figures du grand portail de Saint-Étienne de Bourges furent criblées d’arquebusades. Le chœur splendide du Saint-Jean de Lyon, construit de marbre, jaspe et porphyre, fut démoli, et aussi les basiliques vénérables de Saint-Just et de Saint-Irénée. Les fonts baptismaux étaient livrés aux plus vils usages, les vases sacrés profanés, les images du Christ et de la Vierge traînées dans la boue. Les tombeaux ne furent pas à l’abri de cette rage sacrilège. À Sainte-Croix d’Orléans, on brûle le cœur du roi François II ; à Bourges, on profane les