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loys. Et enjoignons auxdites femmes mal famées et paillardes que, incontinent après la publication de ces présentes, elles ayent à vuyder et bouter hors la présente chastellenie. Et ce sous peine du fouet... »

Pourtant, comme il fallait des distractions, le ministre de Saintes permettait la promenade et le chant des cantiques. On s’assemblait par troupes, mais en observant avec soin la séparation des sexes. Les prairies de la Charente étaient le Pré-aux-Clers des réformés saintongeois. La musique, devenue lascive, avait failli être proscrite des églises par le concile de Trente (1545-1563), et sans Palestrina qui, à la prière de son illustre protecteur saint Charles Borromée, fit une messe, la célèbre messe dite du PAPE MARCEL dans un sens profondément chrétien, les Pères et Pie IV eussent définitivement expulsé de la maison du Seigneur, comme licencieux et immoral, l’art des Haydn, des Mozart, des Grétry, des Chérubini, des Choron. Au quinzieme siècle, en effet, les compositeurs écrivaient un Kyrie, un Credo, un Gloria, sur les motifs de ponts-neufs ou des ariettes de taverne. François Ier, qui consacrait 2,396 livres par trimestre, soit environ 130,000 ou 140,000 francs par an de notre monnaie, à sa chapelle de musique, et seulement 636 livres à sa chapelle de plain-chant, peupla la première de gros Picards dont les voix de basse-taille ressemblaient à des voix de taureaux, taurinæ voces. On imita ce caprice royal. Mais on ne pouvait partout avoir de ces gros Picards. Un chanoine d’Auxerre, pour y suppléer, inventa le serpent, instrument qui, ayant complètement depuis perdu sa forme du reptile, continue