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Bernard Palissy nous a laissé de Saintes sous Claude de la Boissière un petit tableau plein de fraîcheur et d’innocence. On pourrait l’appeler l’idylle aux bords de la Charente. Son imagination poétique a doré le paysage. Or, dans ce même temps, en Béarn, Jeanne d’Albret, pour se dédommager de sa ferveur catholique passée et pour la faire oublier, interdisait, sans doute au nom de la tolérance, l’exercice du culte romain d’une manière absolue, expulsait violemment tous les ecclésiastiques. De plus, elle soutenait devant la duchesse de Ferrare, qui le rapporte à Calvin, « qu’il étoit permis de mentir pour soutenir la religion, et que le mensonge étoit bon et salutaire en cet endroit, » fraudes pieuses que les calvinistes n’ont pas le droit de reprocher aux casuistes du catholicisme. À Saintes, suivant Bernard Palissy, la petite église, toute confite en dévotion, menait une vie pure, chaste, immaculée. Plus de procès. Dès qu’un de ceux de la religion en voyait poindre l’ombre chez son voisin, il arrangeait les deux partis. Plus de jeux, plus de danses, plus de rondes, plus de banquets ! Adieu la joie et les plaisirs ! La cité semblait, à en croire maître Bernard, devenue une espèce de grand couvent huguenot, où la psalmodie du chant grégorien était remplacée par les strophes de Marot. Les écoliers eux-mêmes, c’est Palissy qui parle, oubliaient de faire des grimaces à leurs camarades ou des cornes à leurs maîtres. Les femmes avaient presque renoncé à la coquetterie. Aucunes « superfluitez de coiffures et dorures. » Les magistrats aussi, voyant qu’on réformait, réformèrent. « Ils auoient, raconte