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nonça la sentence et assista à cette exécution, fut si frappé de la fermeté des patients, qu’il se fit réformé.

La capitale et la Saintonge furent cependant tranquilles pendant une dizaine d’années. Palissy ne nous a narré aucun événement jusqu’en 1557. À cette époque, on voit reparaître sur la scène religieuse Philebert Hamelin. Il avait quitté le catholicisme pour le calvinisme, puis le calvinisme pour le catholicisme ; il quitta une seconde fois le catholicisme pour le calvinisme. À Genève, où il était aller puiser la pure doctrine évangélique, il avait fortifié sa foi chancelante. Calvin, le 12 octobre 1553, le renvoyait prêcher en Saintonge, et le recommandait comme un « homme craignant Dieu, qui a conversé, disait-il, avec nous saintement et sans reproche. » Il arriva à Arvert en septembre 1555, et se mit à parcourir le pays.

Hamelin avait établi à Genève une imprimerie pour y multiplier les exemplaires de la Bible, traduite par Pierre Olivetan, aidé de Calvin, et publiée pour la première fois en 1535 à Neutchâtel ; on a aussi de lui une édition de l’Institution chrétienne (1554) « translatée en françois » par Calvin lui-même. Il cheminait toujours suivi de plusieurs serviteurs pourvus de ces Bibles ; et il vendait ainsi à travers les campagnes de la Saintonge les produits de son établissement. Selon Palissy, le métier était assez lucratif.

Au bout de deux ans de prédications et de débit de Bibles, à Saintes, et encore avec l’aide de Palissy, le pasteur typographe avait « au plus sept ou huit auditeurs. » Aussi un jour, à Arvert, son zèle l’emporte ;