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gens. On les écoutait. Mais les paysans ont la tête dure et le poing solide ; et ceux-là étaient Saintongeois. Ils se courrouçaient maintes fois en comprenant où en voulaient venir les prédicants. La fuite seule sauvait Hamelin et ses compagnons des horions peut-être qui les eussent transformés en martyrs. Cependant, favorisés secrètement par un grand vicaire, ils obtinrent de prêcher dans les églises. Mais l’émoi que leurs propositions jetèrent dans ces populations fut si grand, que le bruit en arriva à Saintes.

L’évêque de Saintes était alors (1544-1550) Charles, cardinal de Bourbon, frère d’Antoine, roi de Navarre, le même qui fut, en 1589, élu roi par la Ligue sous le nom de Charles X, au mépris de la loi salique et au détriment de son neveu, Henri IV. Il se trouvait alors à la cour. Le procureur fiscal de Saintes, Collardeau, lui écrivit que son diocèse était plein de luthériens. Il alla lui-même le trouver, et obtint de lui une commission, du parlement de Bordeaux une bonne somme de deniers pour rechercher les fauteurs d’hérésie. On arrêta à Saint-Denis-en-l’île-d’Oléron, le frère Robin, moine défroqué ; à Arvert, sur la côte, un autre appelé Nicole ; et à Gemozac, bourg à cinq lieues de Saintes, un troisième dont le nom est resté ignoré, qui « tenoit eschole la semaine et preschait les dimanches. » Philebert Hamelin fut aussi saisi. Ils furent tous quatre amenés à Saintes.

Hamelin, plein de repentir, reconnut sa faute et fut relâché. Navières (peut-être Pierre Navières, Limousin, dont parle Théodore de Bèze, I, page 85, à l’année 1563), Navières, chanoine de la cathédrale de Saintes