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mais vu cuire de vase et ne distingue pas l’argile de la terre ordinaire ?

Ces diverses dénominations, qui révèlent le désir de perpétuer le souvenir d’un grand artiste, ne doivent pourtant pas être tout à fait dédaignées. Elles sont loin d’être des preuves ; elles sont des présomptions. En effet, on ne donne pas indifféremment une qualification ; et si rien d’ailleurs ne la contredit, on est bien forcé d’en tenir compte. Or, Bernard Palissy, qui nous a si souvent parlé de lui, n’a jamais indiqué le lieu de sa naissance. La Saintonge et l’Agenois ne peuvent rien arguer de ses paroles. Mais son silence est significatif. Presque à chaque page de ses écrits il est question de la Saintonge. Il a bien des fois mentionné Saintes. Cite-t-il la province comme sa contrée natale ? Nullement. Il la nomme seulement, et à deux reprises (p. 311 et 325) « pays de mon habitation. » L’expression est importante. S’il y eut vu le jour, n’aurait-il pas dit plutôt : « pays de ma naissance ? » N’aurait-il pas essayé de rappeler par ce seul mot tous les doux souvenirs qu’il évoque, un père, une mère, des frères, des sœurs, les jeux et les amitiés de l’enfance, les amours de la jeunesse ?

Palissy n’a pas dit qu’il était d’Agen, mais il n’a pas dit non plus qu’il n’en était pas, tandis que le qualificatif qu’il accole à la Saintonge, « pays de mon habitation, » me paraît exclusif. Rien de semblable quand, une fois par hasard, il est question de l’Agenois ; il le nomme tout simplement.

Les contemporains donnent raison à cette conjecture. Sans s’arrêter au mot de Rémond de Saint-