Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et conseiller de la maison de Soubise, dans ses Mémoires inédits de la Vie de Jean l’Archevesque, que possède M. B. Fillon, elle y était « autant aimée et honorée que jamais dame française qui y fust, mesme du duc Alphonse, qu’on tenoit pour le plus grand personnage d’Italie ; lequel disoit n’avoir jamais parlé à une si sage et si habile femme, et ne venoit de fois à la chambre de madame de Ferrare, qu’il ne l’entretinst deux et trois heures, disant qu’il ne parloit jamais à elle qu’il n’y apprist quelque chose. »

De retour en Saintonge, le comte et la comtesse de Marennes s’empressèrent de prêcher le calvinisme à leurs vassaux, et firent quelques prosélytes dans les cinquante-deux paroisses composant leurs domaines. Deux ou trois de leurs officiers et plusieurs habitants de Pons se laissèrent gagner pour plaire à leur maître. Yves Rouspeau, qui fut plus tard pasteur de Saujon et de Pons, et qui a laissé un recueil poétique, Poesmes sacrez du Saint-Sacrement de la Cène, et un autre ouvrage, prose et vers, Traicté de l’office des malades, — à Pons, chez Portau, — fut envoyé à Genève pour s’y instruire. Palissy fut-il un de ceux-là ? On peut l’affirmer sans crainte. Curieux, chercheur, le potier se lia avec le grand seigneur qui arrivait d’Italie, la terre désirée. Ils causèrent de sciences, d’art, c’est maître Bernard qui nous l’apprend, et aussi sans doute de religion. La famille de Pons et celle de Parthenay témoignèrent à l’artisan une bienveillance et une protection constantes. Or, cet intérêt ne s’adressait pas à l’artiste. En 1549, Palissy n’était pas l’émailleur célèbre que nous admirons ; il en était encore à ses