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en une infinité de sectes dont chacune retint une parcelle du Credo primitif, dilution qui chaque jour s’étend davantage.

À ces grandes causes de l’établissement de la Réforme il en faut joindre d’autres secondaires, il est vrai, mais qui ont pourtant leur importance dans ce mouvement intellectuel et dans les luttes sanglantes dont il fut l’occasion.

Il ne faut pas oublier quelle large place les questions d’influence et d’intérêt, les haines et les rivalités particulières ont prise dans ces guerres prétendues religieuses. Le peuple resta catholique ; c’est lui qui fit la Ligue, réaction démocratique contre l’aristocratie du calvinisme. Les gens simples qui, parmi la foule, adoptèrent la doctrine nouvelle, n’y furent pas tous amenés par un désir plus vif de perfection et un plus ardent amour de Dieu. En leur prêchant contre le luxe, en leur vantant l’austérité, en déclamant contre l’immoralité des grands, les richesses du clergé, ne flattait-on pas le secret sentiment d’égalité qui fermente toujours dans les masses ? Ne se sentaient-ils pas doucement attirés vers une religion qui se donnait exclusivement pour la religion des pauvres, des humbles, des continents ? Que de laboureurs ne virent dans le protestantisme que la faculté de garder désormais dans leur escarcelle ce qu’ils donnaient à leur curé !

La bourgeoisie éclairée donna le plus d’adhérents à la Réforme. Elle voyait d’autant mieux les abus qu’elle n’en profitait pas. Puis, déjà émancipée dans les communes, elle y avait appris l’usage et l’avantage