Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous ses malheurs découlèrent de là, et que trois fois il faillit périr de male mort. Il sera bon, en outre, après avoir étudié le potier, l’artisan, l’émailleur, d’examiner l’historien, l’écrivain, le narrateur. C’est un point de vue sous lequel on a complètement négligé de considérer Palissy.

Des abus nombreux s’étaient, par la suite des siècles et par les vices inhérents à l’humanité, glissés dans le christianisme. Ils n’étaient pas la religion : mais ils étaient ceux qui prêchaient la religion. Par une fausse association d’idées très-ordinaires, on remontait de l’homme à la chose ; et l’on rendait le catholicisme responsable des fautes de ses ministres. Il se faisait une espèce de trafic scandaleux des choses saintes. Depuis que l’élection des évêques avait été enlevée aux chapitres, et celle des abbés aux communautés, les dignités ecclésiastiques n’étaient que trop souvent la proie des ambitieux, la récompense de l’adulation, les fruits de l’intrigue et l’apanage fréquemment héréditaire des grandes familles. Les rois créaient abbés ou évêques leurs courtisans. À leurs poëtes, faiseurs de madrigaux et entremetteurs lettrés, à leurs artistes ils donnaient les revenus de prieurés où ils ne mettaient jamais les pieds ; leurs maîtresses recevaient d’opulentes abbayes où elles n’apportaient pas toujours l’édification claustrale. Calvin, à douze ans, était chapelain de la Gésine dans la cathédrale de Noyon, et à dix-huit ans, curé de Saint-Martin de Marteville ; Théodore de Bèze fut prieur de Longjumeau ; le Primatice fut abbé de Saint-Martin ; Lescot, de Clagny ; de l’Orme, de Saint-Serge