eux, il y eut tendance à la simplicité. C’est aux époques de troubles qu’on vante les douceurs de la paix, dans les siècles de luxe raffiné qu’on célèbre la simplicité heureuse de l’âge d’or, dans les temps de dévergondage et de décadence qu’on aime les bergeries et qu’on entonne l’hymne au progrès. Au temps de Charles IX, la guerre civile sévissant, on rêvait le calme et l’union ; on était fatigué de l’opulence artistique. L’art, en se faisant idyllique, en s’exerçant sur l’argile, à qui il donnait ainsi une valeur vénale, plaisait au goût du moment, et satisfaisait les penchants de la foule. Maître Bernard, sans s’en douter, entra dans la voie que lui traçait l’engouement du jour. Par lui l’art allait retrouver un peu plus de naturel et de vérité.
Une autre raison, plus particulière et plus décisive, c’est que déjà peut-être sous l’influence de ces idées flottant vagues autour de lui, il avait lu un ouvrage dont il parle dans la dédicace de la Recepte Véritable au maréchal de Montmorency. Il écrit en effet (page 4), à propos de son projet de jardin : « Ie say qu’aucuns ignorants, ennemis de vertu et calomniateurs, diront que le dessein de ce iardin est un songe seulement et le voudront peut estre comparer au songe de Polyphile. » C’est un roman érotico-allégorique sur les destinées de la vie humaine, qui exerça une grande influence sur les arts de la Renaissance. Publié pour la première fois en 1499, à Venise, par Alde Manuce, il fut réimprimé en 1545, puis traduit en français par un chevalier de Malte, l’année suivante. Une nouvelle édition de