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mamelon, un de ces vieux châteaux du moyen âge, hérissé de créneaux et de mâchicoulis, bardé de fer comme les guerriers qui l’avaient habité, défendu et attaqué. On l’appela Écouen. Ce nom lui vient, dit-on, d’une inscription qu’à la porte d’entrée et sur les murs de l’habitation fit graver Anne de Montmorency, comme allusion à son exil, qu’il supportait avec dignité, et comme un souvenir d’Horace, son cher poëte, compagnon de sa solitude et consolation de son isolement :

AEQVAM MEMENTO REBVS IN ARDVIS
SERVARE MENTEM
Souviens-toi de conserver une âme égaie dans les revers...
Livre II, ode III.

Le premier mot du vers latin Æquam fut francisé, et devint le nom de baptême de la ville et du château d’Écouen. Ce qui n’est guère croyable ; car, dès le treizième siècle, des Montmorency sont qualifiés seigneurs d’Écouen. Anne aura voulu simplement reproduire peut-être le nom du village dans le vers d’Horace qu’il choisissait. Jean Bullant, disciple de Vitruve, artiste jusqu’alors inconnu, fut l’architecte du connétable. Dans son monument il introduisit les principes de l’architecture grecque et latine. Écouen offre un mélange assez bizarre de gothique et d’ionique, de dorique et de corinthien. Des toits aigus y surmontent des vitraux d’église. La position, du reste, est bien choisie. Le château domine la ville et une vaste plaine qui s’étend jusqu’à Luzarches ; de la terrasse on a le plus splendide point de vue.