les membres, si bien qu’ils ne les pussent plus mouvoir ny remuer, sans toucher à la teste ny au corps supplice à la vérité fort cruel ; puis le bourreau les jeta tous trois dedans ung feu là préparé et à demi morts, prononçant tout hauct (ainsi était porté leur arrest) : « Allez, canaille enragée, rostir les poissons de la Charente que vous avez sallés des corps des officiers de vostre Roy et souverain seigneur. »
Partout en Guienne, en Saintonge et en Angoumois, les chartes des communes furent lacérées ; les cloches qui avaient sonné le tocsin furent fondues. Le grand prévôt de la connétablie, maître Jean Baron, natif de Pontoise, exécuta les arrêts prononcés. À Marmande, il fit étrangler et pendre au clocher huit habitants qui avaient sonné le tocsin. À Angoulême, il brûla le vicaire de Cressac, Jean Meraud, qui avait assemblé la commune contre le roi. Il mit à la roue, avec une couronne en tête, Puymoreau, Talemaigne, Galafre, Bouillon et Châteauroux, les chefs du soulèvement.
Les provinces ainsi pacifiées, Anne de Montmorency, avec le duc d’Aumale, quitta Bordeaux le 9 novembre, après un séjour de trois semaines, et se dirigea vers Poitiers.
Ce fut François de Scépeaux, sire de Vieilleville, créé plus tard maréchal de France par Charles IX, en 1562, qui vint à Saintes prendre garnison avec la compagnie de lansquenets du maréchal de Saint-André. Il y fut si bien accueilli qu’il écrivit au connétable en faveur de la ville. Montmorency pardonna. Et en quittant les bords de la Charente, Vieilleville leur