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biens, mais pour la vexation de leurs personnes et tellement que chacun s’ennuioit de plus vivre. »

Il y a un terme à tout, même à la patience des provinces pressurées. En 1547, à Consac en Saintonge, le peuple avait massacré huit officiers du grenier à sel. Périgueux avait chassé les commis. On faisait courir le bruit que les garde-sel mettaient dans leur marchandise du sable et du gravier. On refusa en quelques endroits d’aller prendre le sel aux magasins.

En 1548, les laboureurs poussés à bout s’assemblent en armes à Jurignac en Angoumois. Les curés, indignés de voir leurs paroissiens ainsi maltraités, les encouragent. Les commis de la gabelle se réfugient à Cognac. Le mouvement s’étend. Blanzac, Jonzac, Berneuil, se soulèvent. Toutes les cloches sonnent le tocsin. Le roi de Navarre, Henri d’Albret, gouverneur des provinces maritimes d’Aquitaine, envoie contre les mutins trois cents cavaliers. Ils sont forcés de se retirer, et se cachent à Barbezieux où le seigneur du lieu, Charles de la Rochefoucauld, les reçoit. Bientôt, craignant de tomber au pouvoir de l’insurrection menaçante, ils se replient vers Montlieu d’où ils regagnent le Béarn.

Les révoltés qu’on nommait Pitaux — en langage populaire gens misérables, hommes de peu de valeur, PITEUX, qui fait pitié — prennent pour chef un gentilhomme des environs de Barbezieux, le sire de Puyymoreau. Sous son titre de grand courennal ou colonel de Saintonge, il range les couronnaux des diverses paroisses, bourgeois mal famés ou paysans