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en me retirant ainsi soüillé et trempé, ie trouuois en ma chambre vne seconde persecution pire que la premiere, qui me fait à présent esmerueiller que ie ne me suis consumé de tristesse. »

Un autre écrivain, plus tard, rentrera aussi chez lui, venant, non pas d’un atelier, mais des salons du grand monde. Jean-Jacques Rousseau trouve dans son taudis Thérèse, l’expiation. Elle lui redemande ses enfants qu’il a portés à la boîte. Ici la souffrance, là le remords. Le lot de Palissy est encore le meilleur.

Pour parer aux intempéries des saisons, il s’abrite d’abord sous des berceaux faits de lierre et de feuillage. Bientôt celui-ci ne suffit pas. Force est de construire un hangar. Sa femme prétend qu’il n’a pas besoin d’outils. Des voisins plus charitables lui prêtent quelques planches, un peu de tuiles, des lattes et des clous.

Mais comme l’espace est étroit, pour une nouvelle construction, il est contraint d’abattre l’ancienne. « Chaussetiers, cordonniers, sergens et notaires, vn tas de vieilles, tous ceux cy sans auoir esgard que mon art ne se pouuoit exercer sans grand logis, disoyent que ie ne faisois que faire et desfaire ? » Et ils le blâmaient de ce qui aurait dû exciter leur compassion. Le malheureux ! pour mettre ses vases à l’abri, il se privait de nourriture ; et ce qu’il accordait à son art, il le prenait sur sa santé !

Au milieu de toutes ces tortures physiques et morales, il était parfois obligé d’être gai. Fallait-il montrer aux personnes qui venaient le voir un visage découragé ? Au contraire. « Ie faisois dit-il, mes