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M. Vetter, expliqua la rareté des premiers ouvrages de maître Bernard. C’est la période des essais. On a quelques-uns de ces plats, mais en très-petit nombre. M. Fillon en cite un, ovale, de 0m,55 sur 0m,43, aux Sables-d’Olonne, en Vendée, chez mademoiselle Benoist, dont la famille, originaire de Fontenay-le-Comte, le conserve depuis plusieurs générations. « L’émail est assez beau, mais fort peu transparent : et les reliefs n’ont pas la netteté qu’ils ont eue plus tard. » Je possède moi-même quelques fragments des premières poteries de l’artiste, recueillis à la Chapelle-des-Pots, par M. le comte Pierre-René-Auguste de Bremond d’Ars, mort en 1842, un des premiers qui ait demandé une statue pour Palissy.

À bout de force, d’énergie, de patience, maître Bernard se couche, épuisé, inerte. Mais à cette âme active le repos ne pouvait longtemps convenir ; après avoir demeuré quelque temps au lit, il considéra « qu’vn homme qui seroit tombé en vn fossé, son debuoir seroit de tascher de se releuer. » Il se relève donc et se remet à son métier de peintre-verrier, depuis trop d’années négligé. Les pinceaux, son premier gagne-pain, sont entre ses mains ; il assemble, comme autrefois, les verres coloriés ; mais sa pensée est toute à ses chers émaux.

Après avoir gagné quelque argent, il revient à son fourneau, à son mortier, à ses travaux de prédilection. Il se disait que toutes ses pertes et hasards étaient passés que rien ne le pouvait plus empêcher de faire d’excellentes pièces. Rien ? en est-il bien sûr ? La fournée suivante fut endommagée par les