« Les anciens m’ont raconté que, durant la guerre de 1812-14, un détachement des artilleurs royaux, passant à Yamachiche, y avait fait halte pour souper. C’était l’hiver. Sur des traîneaux on avait placé les bouches à feu, et sur d’autres les boulets. Quelques gaillards voulurent s’amuser aux dépens des gens du pays. Trois ou quatre entrèrent chez Cadet Blondin et, sans dire bonjour ni bonsoir, enfilèrent l’escalier du premier étage. Aux cris des femmes, Blondin accourut. Le premier soldat qu’il saisit passa par la fenêtre, emportant vitres et barreaux ; le second de même ; les autres s’échappèrent. Ce fut le signal d’une levée de baïonnettes, pour ne pas dire de boucliers. Les militaires n’entendaient pas avoir le dessous. Blondin, voyant sa maison cernée, s’échappa et courut vers les traîneaux, suivi de toute la bande. Alors commença une scène épique, un chant d’Homère. L’athlète empoignait les boulets, et de son bras formidable, les lançait comme eût fait un canon bien servi. Ce n’étaient point des boules de neige. Bras, jambes, etc., tout se brisait au contact de ces joujoux. Le quart de la troupe resta à l’Hôpital. Il ne séjourna plus de soldats réguliers à Yamachiche durant la guerre. »
Edward fut le père de douze enfants. Entre autres, Edmund Barnard, avocat, conseil de la Reine, de Montréal ; d’Édouard-A. Barnard, secrétaire du conseil d’Agriculture de Québec ; et de James-C. Barnard, arpenteur-géomètre et ingénieur civil, des Trois-Rivières. Deux de ses filles entrèrent au couvent de Jésus-Marie à Lauzon et finirent leurs jours au couvent de la même communauté, à Willesden, Angleterre. Une autre, Agnès, était une femme d’une intelligence remarquable, mais assez excentrique. Elle avait entrepris une fois de donner des conseils à l’honorable Honoré Mercier, alors premier ministre. Celui-ci avait trouvé la lettre tellement bien écrite qu’il la montrait à diverses personnes, entre autres à l’honorable sénateur Tessier, neveu par alliance de mademoiselle Barnard. Elle est morte célibataire.
M. Edward Barnard décéda le 5 juin 1885, à Baltimore, Maryland, États-Unis, et fut inhumé en cet endroit. Il avait pris sa retraite en 1878 et avait été remplacé par M. Philippe-Olivier-Ernest Pacaud, comme protonotaire et greffier de la cour Supérieure.[1]
- ↑ Histoire des Ursulines des Trois-Rivières, III, 412.